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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

deux volent lentement, ont des couleurs apparentes, et sont représentés par un grand nombre d’individus ; il y a donc toute raison de croire qu’ils sont doués de quelque moyen de protection analogue à celui des Héliconides, en sorte qu’il y a pour d’autres insectes le même avantage à leur ressembler.

Il y a aussi un autre fait extraordinaire, dont nous n’avons pas encore une explication satisfaisante : c’est l’imitation de quelques groupes d’Héliconides par d’autres de la même famille ; par exemple, celle des Méchanitis par certaines Héliconides. Nous citerons aussi les Napeogenes qui tous imitent quelque autre espèce d’Héliconide. Ce fait semblerait indiquer que la sécrétion désagréable, dont nous avons parlé plus haut, n’appartient pas également à tous les membres de la famille, et que, là où elle est insuffisante, l’imitation joue son rôle. C’est peut-être cela qui a produit cette ressemblance générale des Héliconides entre elles, cette uniformité de type unie à la diversité des couleurs : en effet toute particularité qui empêcherait une Héliconia de ressembler aux autres représentants de la famille, aurait inévitablement pour effet qu’elle serait attaquée, blessée et exterminée, même si elle n’était pas mangeable.

Les autres parties du monde offrent à l’observation une série de faits tout à fait semblables. Les Danaides et les Acréides des tropiques de l’ancien monde forment en fait, avec les Héliconides, un seul et même groupe ; car leur forme et leur structure sont les mêmes, ainsi que leurs habitudes : elles possèdent la même odeur protectrice, et sont aussi abondantes en individus, quoique