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PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

m’ont décidé à publier cet ouvrage. Le second Essai, surtout quand on le rattache au premier, contient une esquisse rapide de la théorie de l’origine des espèces (par le moyen de ce que M. Darwin a depuis lors appelé la sélection naturelle), telle que je l’ai conçue, avant d’avoir la moindre notion du but et de la nature des travaux de M. Darwin. Le mode de leur publication n’était pas de nature à attirer l’attention, si ce n’est celle des naturalistes sérieux, et je suis convaincu que bien des gens qui en ont entendu parler, n’ont jamais eu l’occasion de constater leur valeur réelle. Il arrive en conséquence, que, tandis que quelques écrivains m’attribuent plus de mérite que je n’en ai, d’autres peuvent très-naturellement me classer avec le Dr Wells et M. Patrick Matthew, qui, comme M. Darwin l’a montré dans l’esquisse historique ajoutée à la quatrième et à la cinquième édition de l’Origine des espèces, ont certainement posé avant lui le principe fondamental de la sélection naturelle, mais n’en ont fait aucun usage subséquent, et n’en ont pas vu les vastes et importantes applications.

J’ose espérer que le présent ouvrage prouvera que j’ai compris dès l’origine la valeur et la portée de la loi que j’avais découverte, et que j’ai pu, depuis, l’appliquer avec fruit à quelques recherches originales. Mais ici s’arrêtent mes droits. J’ai ressenti toute ma vie, et je ressens encore la plus vive satisfaction, de ce que M. Darwin a été à l’œuvre longtemps avant moi, et de ce que la tâche difficile d’écrire l’Origine des espèces ne m’a pas été laissée. J’ai depuis longtemps fait l’épreuve de mes forces, et je sais qu’elles n’y auraient pas suffi. Je sens bien que, comme beaucoup