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vies l’une à l’autre, durant ces longs jours de gêne et de solitude où le sire de Chavigny ne leur permettait de se voir qu’à la dérobée.

Alors une feuille d’oranger, échangée chaque fois, recevait leurs baisers, leurs soupirs… Jamais talisman n’exerça un empire plus superstitieux et ne fut plus aimé. Jamais amants ne reçurent baisers plus tendres que ces feuilles inanimées…

« Xavier, doux ami, murmurait Alide, tu as emporté la branche semblable à celle-ci. Qu’elle te préserve de tout mal, et te fasse rêver de moi ! »

« Berthe, chère petite, bonsoir ! Laisse mes rideaux ouverts, et n’allume pas ma lampe : la lune est trop belle… »

Son bras, soulevé pour repousser la draperie qui lui cachait la fenêtre, retomba mollement sur son sein ; l’autre s’arrondit sur sa tête ; et elle s’endormit, la douce jeune fille…