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vieux juif avait appelée pour le conduire au château de Montjoie… Le regard qu’il jeta sur elle, sombre d’abord, s’adoucit à mesure qu’il se prolongea ; ses sourcils se séparèrent ; et, relevant sa moustache par un demi-sourire, il lui dit : « Foi de gentilhomme, tu es assez jolie pour sauver ton vieux père du feu ou de la corde. »

La gracieuse enfant fit une humble révérence ; et, passant devant lui, elle marcha si vite qu’à peine pouvait-il la suivre, embarrassé qu’il était dans ses larges bottes de cuir jaune. Il admirait ses petits pieds qu’emboitaient des souliers de daim noir, à larges rosaces de soie, et sa jambe qu’un court jupon de laine brune laissait apercevoir près d’à moitié ; sa taille souple et mince, mal cachée sous sa cape jetée à la hâte… ; et ses cheveux brillants et lisses faisant comme une bordure de jai à son bavolet[1] ; et jusqu’au petit velours noir dont les

  1. Les dames d’un certain âge se coiffaient d’un bavolet, espèce de petit voile, qui ne fut pas long-temps de mode à la cour : les paysannes s’en accommodèrent.