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chambre ; quelquefois il l’empêchait même de descendre au salon. Alide ne comprenait rien à ce qu’elle nommait des caprices. Et lorsque par hasard elle pouvait rejoindre Xavier, échanger avec lui un mot, un regard, il y avait dans ce mot, dans ce regard, toute la passion dont s’enveloppe un amour entouré d’obstacles.

Cependant le seigneur de Chavigny avait cessé de prendre le divertissement de la chasse ; et plus l’automne s’avançait, plus il devenait silencieux et morose. Il fuvait Alide pour errer sous ses fenêtres, ou s’enfoncer dans le parc, mais toujours du côté où il pouvait, en gravissant un roc ou une coline, voir la tourelle et la fenêtre de la jeune fille.

Il fallait toute l’ignorance qu’Alide avait des passions, et toute l’innocence de son âge, pour que cet amour fût un secret pour elle. « Ah ! disait souvent le seigneur de Chavigny, faudra-t-il que j’expire à ses pieds pour qu’elle comprenne enfin tout ce qu’elle est pour moi !… Faudra-t-il que je lui dise : Alide, aime-