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le front de ses poings fermés, si elle m’allait dire : L’amour à votre âge est folie !… ou si elle allait rire, et m’assurer que cela n’est pas… que cela ne peut être ! Mon Dieu ! qu’il est affreux de savoir que l’on vieillit, et de sentir battre dans sa poitrine un cœur jeune, et couler dans ses veines un sang aussi chaud qu’à l’âge de vingt ans !… plus, peut-être : car notre dernière passion est la plus impétueuse. On s’attache à elle comme à la seule chose qui nous puisse faire aimer encore la vie ; on se dit : L’âge vient ! si l’on ne m’aime à présent, quand donc m’aimera-t-on ? Et l’ou tressaille en regardant ses rides et ses cheveux blancs ; et l’on a des moments de rage à briser sous sa main tout ce que l’on rencontre, à maudire tout ce que l’on voit… »

En vain livrait-il à son âme le combat le plus violent qu’homme se puisse livrer. Il devenait chaque jour, à son insu, plus injuste et plus sévère envers sa nièce. Il ne l’appelait plus sa douce enfant, sa bien-aimée Alide ; il l’obligeait souvent, le soir, sous de vains prétextes, lorsque Xavier était là, à se retirer dans sa