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Il offrit à Xavier de souper avant qu’il se remît en route ; mais le repas fut sans joie, sans cordialité : une gêne inexprimable régnait entre eux !… Et quand Xavier partit, on ne lui dit pas : « Revenez »…, si ce n’est pourtant le regard triste et pénétrant d’Alide… « Qu’est-ce ? dit le seigneur de Chavigny : vous êtes aujourd’hui bien rêveuse, et n’avez pas le sourire sur les lèvres ainsi que les autres soirs. » — Alide rougit et soupira. « Ma bien-aimée Alide (et son oncle l’attirait doucement à lui), dis s’il est un homme que tu aimes plus que moi ? — Oh non, cher oncle, car je vous aime comme un père. — Ne me dites plus cela, Alide, vous me désespérez. » — Et le seigneur de Chavigny s’enfuit en s’écriant : « Son père ! suis-je donc si vieux qu’elle ne puisse m’aimer que comme on aime un père ! » — Alide s’étonna, mais elle ne devina rien ; puis elle rêva de Xavier ; et le lendemain à son réveil le ciel lui parut plus beau, les arbres plus verts, les fleurs plus parfumées. Tout ce qu’elle voyait, tout ce qu’elle touchait prenait un intérêt nouveau. Elle passait et repassait devant son miroir, prenant à s’y regarder un plaisir si grand,