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La cloche du dîner les arracha à cette vie contemplative, qui confond deux existences en une aussi intimement que la goutte de pluie confond son eau à l’eau du lac dans lequel elle tombe.

Quand vint l’heure du soir, ils s’assirent près d’une table sur laquelle se voyaient quelques bons livres du temps, et un grand manuscrit à agraffes d’argent. « Voici, dit Alide, mon plus cher trésor : c’est là que j’écris toutes les belles pensées de nos meilleurs auteurs, et bon nombre de vers de notre divine poésie. — Ne saurions-nous y lire ensemble tant de merveilleuses choses ? » dit le jeune homme, se penchant plus près d’Alide… Elle défit doucement les agraffes du livre et le posa devant lui. Il l’ouvrit… « Ah ! dit-il, en lisant à demi voix, laissez-moi, au milieu de ces deux vers, écrire une seule ligne. Dites, le permettez-vous ? Dans quelques années, comme aujourd’hui, quand vous lirez cette page, cette ligne tracée par moi se présentera à vos yeux, et vous daignerez me donner un souvenir… » — Alide prit une plume et la lui tendit. Sa main