Page:Waldor - L’Écuyer Dauberon ou l’Oratoire de Bonsecours, Moutardier, 1832.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10

ses mouvements caressants, tout en elle disait : J’ai besoin d’être aimée. Tout en elle était grâce, séduction, parce que son âme harmonisait ses pensées avec ses traits ; et que cette âme était tellement attractive, qu’il fallait, alors que la jeune enfant était triste, s’attrister avec elle, ou rire avec elle quand elle riait. Elle avait seize ans lorsqu’elle perdit sa tante. Cette mort, première et seule douleur de son âge, lui fit entrevoir dans la vie autre chose que des jours riants enlacés les uns aux autres ; et bien des larmes coulèrent long-temps sur ses joues amaigries. Mais à seize ans quelle douleur ne s’émousse ou ne s’oublie !….. Les doux rêves de jeune fille, rêves dorés, qui ne s’évanouissent que pour renaître, vinrent créer autour d’elle un monde fantastique, où toujours apparaissait un gracieux fantôme, de forme indistincte, qui se jouait dans les nuages, dans le feuillage des arbres et les buissons de fleurs dont, le soir, à sa fenêtre, elle respirait les parfums… Le fantôme avait souvent de grands yeux noirs humides de langueur, plus souvent encore une douce voix qui mêlait au murmure du vent, au chant