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son ami. Mais sous ce front, si amoureusement pressé, deux yeux noirs à demi retirés sous leurs épais sourcils lançaient des éclairs qui n’étaient nullement en harmonie avec ces mots caressants.

La jeune fille n’en vit rien : sa tête, appuyée sur l’épaule du capitaine aux gardes de Louis XIII, du bel écuyer Dauberon, semblait une fleur inclinée sous le soleil, dans un jour d’orage.

« Non, tu ne me trompes pas… Un baiser, un seul, je le permets… » — Et les longues moustaches du jeune homme servirent comme de voile au baiser le plus tendre d’un côté et le plus maussade de l’autre que jamais amants se fussent donnés.

« Adieu donc, Alide, ma belle Alide ! dit-il en se dégageant de ses bras, adieu ! Tes baisers sont doux, mais la colère du roi serait terrible ; adieu ! » — Et, s’élançant sur son cheval, il fit signe à Alide de dénouer la bride de soie nonchalamment liée à un des piliers