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« Et croyez-vous, mesdemoiselles, reprit-elle, après avoir fixé un regard sombre sur la chaîne et l’anneau que Berthe jetait à son cou, croyez-vous que Dieu puisse laisser se délier sur terre des serments que tous les anges ensemble ont recueillis dans le ciel ! Non, non : il délierait aussi bien les saints nœuds du mariage ; car Dieu tient pour aussi sacré l’instant solennel où deux âmes se fondent en une par ce seul mot, Je t’aime, que celui où l’on passe devant ses autels tant de faux engagements… Et si donc il a renoncé à moi pour en épouser une autre, cette autre a des droits moins sacrés que les miens, car il ne l’aime pas, il ne la peut aimer !…

— Ah ! madame, dit Rachel bien bas, il y a long-temps, ce me paraît, que le seigneur Dauberon…

— Dieu du ciel ! qu’osez-vous dire, Rachel ?… Laissez-moi le passé, laissez-moi vivre de mes souvenirs !… Si tu les flétris, tu veux donc que je meure ! et je veux vivre, moi !… Car je veux la voir, cette femme… J’ai dans l’âme une voix qui me crie : Il t’aime, et tout ceci n’est qu’un