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essuya le front, car une sueur froide en découlait.

« Ô ciel ! il y a du sang à ce mouchoir ! » s’écria Gertrude en le lui arrachant.

Xavier pâlit : car la main avec laquelle, dans sa colère muette, il froissait sa poitrine, venait, à son insu, d’en tirer un mouchoir qu’Alide avait inondé de ses larmes et de son sang un soir qu’inquiète de ne l’avoir pas vu depuis long-temps, elle s’en plaignait doucement, et qu’il n’avait répondu à ses plaintes que par un mot dur.

C’était la première fois qu’Alide avait ouï de sa bouche autre chose que des mots d’amour. Son sang se porta violemment à son cœur, et de son cœur à sa poitrine ; ce dont Xavier fut tellement effrayé, qu’il en conçut une grande repentance, et fit vœu de porter ce mouchoir en expiation du mal qu’il avait fait à son amie. De là venait que, par une de ces bizarreries et un de ces contrastes qui se voient souvent dans les âmes les plus corrompues, il n’avait pas, de-