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— Mais te faire servir un souper digne d’une maîtresse de château et d’un hôte tel que toi. Te plairait-il, en attendant, de parcourir aux flambeaux le vieux castel que m’ont légué mes aïeux ?… car, ainsi que tu le vois, mes vêtements sont noirs, et j’ai pris, comme la lettre qui t’a mandé ici a dû te le faire lire, le nom de comtesse de Montjoie… Il est beau, n’est-ce pas ?

— Oui, s’il n’était un nom de contrebande… Allons, Gertrude, sois vraie avec moi, car je lis dans ton âme comme dans un livre dont on a usé les feuillets à force de les tourner ; je te sais par cœur : tu n’as ni aïeux, ni titre… Que le peuple le croie, je le veux ; mais, à la cour, je t’en préviens, on sait que le dernier rejeton des Montjoie est mort, voici tantôt trois mois, en ses voyages, après avoir légué ce château à une ancienne maîtresse… Oh ! ne balance pas ta tête avec dédain ; ne fronce pas tes sourcils, et que la main qui tient ce flambeau ne tremble pas. Si la bougie s’éteignait dans les énormes salles où nous voici, ce serait à ne plus retrouver