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auguste.

Laure et Amélie, enleva Auguste dans ses bras et le couvrit de baisers, en répétant : Que tu es beau ! que tu es grand ! Tu ne me reconnais point, n’est-ce pas ? tu étais trop petit, pauvre chéri ; c’est à peine si tu marchais ; et le reposant à terre, elle ajouta : Je t’amène un frère, mon cher enfant, un petit camarade qui t’aimera bien ; elle se tourna vers son fils à ces mots, et lui dit : « Essuie bien tes pieds au paillasson pour ne pas salir le tapis, et viens embrasser ton frère de lait. »

Delriau posa par terre un grand panier, frotta ses pieds de toute sa force, et se mit à se gratter l’oreille sans avancer d’un seul pas.

M. Dorigny venait d’entrer : il serrait affectueusement les deux mains de la nourrice, qui, tout au plaisir de le revoir, ne s’apercevait pas que son fils était encore à la même place. Mais Laure poussa Auguste et lui dit : « Va donc l’embrasser. »

Auguste s’avança et embrassa Delriau sans lui dire un seul mot ; il était embarrassé de la timide gaucherie de son nouveau camarade.

« Eh bien, mes petits amis ! s’écria gaiement M. Dorigny en se tournant vers eux, j’espère que vous ferez vite connaissance ; passons dans ma chambre, mes enfants ; allons, viens ici, Delriau ? que je t’embrasse. Il est tout honteux reprit Véronique, mais c’est l’affaire de l’instant ; il faut penser qu’il n’a jamais vu un appartement comme celui-ci, car c’est beau comme chez le roi ; et lui qui osait à peine déjà courir et parler haut quand il allait par hasard au château ! Dame, mon enfant, te voilà à la ville : il faudra en prendre les habitudes. Va chercher mon panier, tu l’as laissé dans l’autre chambre.

Delriau revint avec le panier ; et comme il ne voyait que tapis et belles tables d’acajou, il ne savait où le poser.