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auguste.

enfants allait croissant ; on leur avait heureusement donné congé ce jour-là, car ils n’auraient fait que de bien mauvaise besogne.

Enfin, à une heure, et comme on se levait de table, la sonnette se fit entendre de nouveau, et cette fois l’espoir des enfants ne fut pas trompé.

Une paysanne de trente-huit à quarante ans demanda au domestique qui venait de lui ouvrir : « Est-ce ici que demeure M. Dorigny ? »

Le tablier rouge, le fichu rouge à belles bordures de fleurs vertes et jaunes, le bonnet rond garni de hautes dentelles relevées sur le sommet de la tête, la jupe de drap à raies blanches et noires, et le corset de velours noir, faisait reconnaître en elle une bonne fermière de la Bretagne.

Derrière elle, et plus rouge que le tablier de sa mère, se tenait un petit garçon grand et fort, d’une jolie figure, mais qui avait l’air si embarrassé, qu’il paraissait plus prêt à reculer qu’à avancer.

— Oui, oui, oui ! crièrent à la fois les trois enfants, c’est ici, et vous êtes Véronique, n’est ce pas ? Venez, venez !… papa ! c’est la nourrice, c’est Véronique !

— Ah ! ces chers enfants, s’écria l’excellente femme, le cœur tout ému, ils m’attendaient, ils se souviennent de moi ! quand je dis qu’ils se souviennent, ajouta-t-elle en riant et pleurant, il n’y a que toi Laure qui puisses te souvenir de moi. — Mais mon Dieu que la voilà grande et jolie ! il faut que je lui dise vous et que je l’appelle mademoiselle.

— Ne va pas t’aviser de cela, s’écria Laure en lui sautant au cou : n’es-tu pas la nourrice d’Auguste ? n’as-tu pas eu soin de moi, quand j’étais toute petite ? — Et de moi aussi ! s’écria Amélie en cherchant à embrasser Véronique.

— Et moi donc ! s’écria Auguste.

— Ah, cher enfant ! Et Véronique, repoussant doucement