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auguste.

allons voir les images de l’Institutrice et des Contes aux Enfants.

— Oh ! qu’elles sont folles !… Par quelle histoire faut-il commencer, cher papa ?

— Choisissez, mes amis.

— Eh bien ! lisons un des contes du livre des Petits Enfants.

— Oui ! oui !

— Et lequel ? demande Amélie.

— Nous allons chercher dans la table, reprit Laure ; voulez-vous la Poupée-Monstre, le Petit Gâté, le Sonneur aux portes, le Petit Bègue.

Le Petit Bègue ! s’écria Auguste ; cela doit être bien amusant ; j’ai un de mes camarades qui ne peut parler que comme cela. Mon… mon… sieur, monsieur. Ma… a… a… dame, madame. Oh ! c’est bien drôle, cela fait bien rire.

— Il ne bégayera bientôt plus, Auguste, car ses parents se sont décidés à l’envoyer chez M. Colombat de l’Isère, ce médecin si habile à guérir les maladies de la voix et les mauvaises prononciations ; il a fait des cures bien autrement admirables et difficiles que ne le sera celle de ton petit camarade. Lorsque tu auras lu l’histoire du Petit Bègue, j’espère que tu ne trouveras plus le bégaiement si drôle et si amusant, et que tu comprendras qu’il ne faut jamais se moquer des infirmités, quel que soit le côté ridicule qu’elles puissent offrir.

Laure commença la lecture du Petit Bègue, et on l’écouta dans le plus grand silence ; mais plus elle avançait et plus son frère et sa sœur se pressaient contre elle, laissant échapper des exclamations d’indignation, à chaque méchanceté que les écoliers faisaient au pauvre René, dont ils se moquaient sans cesse, parce qu’il était laid et qu’il bégayait.