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auguste.

— Eh bien ! mes enfants, dit M. Dorigny en se levant, voilà la soirée finie.

— Oui, cher papa, s’écrièrent les trois enfants, et nous ne regrettons pas de l’avoir employée à travailler.

— Vraiment, mes enfants ?

— Mon Dieu ! oui, papa ; ces vilains pensums qui m’ennuyaient tant, je suis bien aise à présent de les avoir faits ; je suis sûr que M. Mauviel m’en saura gré.

— Pour moi, dit Amélie, j’ai bien avancé mon tapis.

— Et moi, j’ai fini mon col, s’écria Laure en le secouant pour en faire tomber les fils.

— Embrassez-moi tous trois, mes chers enfants ; et M. Dorigny les pressa dans ses bras. Vous êtes contents de vous, parce que vous avez tous fait votre devoir, et que le travail laisse toujours après lui une douce satisfaction. »

Le lendemain, Auguste tint parole ; il fut très-attentif pendant que M. Mauviel lui donnait ses leçons ; il se garda bien de penser à autre chose, et au lieu d’avoir des pensums, il eut un bon point. Lorsque le dîner fut fini, on passa dans le cabinet de M. Dorigny, et en attendant les lumières, on se mit à causer. Le bonheur qu’ils se promettaient était d’autant mieux senti par les trois enfants, qu’ils l’avaient acheté, l’un par une pénitence accomplie, les autres par un généreux sacrifice. La plus grande harmonie régnait entre eux ; Laure n’avait pas taquiné son frère une seule fois, et Auguste n’était occupé qu’à lui rendre de petits services ; tous trois se trouvaient beaucoup plus heureux, et ils se promirent bien de continuer à vivre ainsi.

Joséphine alluma les deux lampes, les posa sur le bureau de M. Dorigny, et se retira en lançant à Auguste un coup d’œil plein de reproches ; elle avait été sévèrement réprimandée par son maître.