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auguste.

père et lui demandèrent s’il avait pensé à acheter les livres dont il leur avait parlé la veille.

— Oui, mes chères petites, j’y ai pensé. Nous passerons dans mon cabinet après le dîner.

Auguste fut silencieux durant tout le repas, et son père s’étant aperçu qu’il avait l’air fort triste, lui en demanda la cause.

— C’est mon professeur qui a été bien injuste aujourd’hui, mon cher papa : il m’a donné deux pensums.

— Il faut que tu les aies mérités, mon ami.

— Oh ! mon Dieu, non, papa ; j’ai travaillé comme de coutume ; mais M. Mauviel n’était pas content ; je l’avais mis de mauvaise humeur en lui parlant de Delriau et de l’envie que j’ai d’être comme lui sculpteur. Il a dit que je n’avais que cela dans la tête, que je faisais mon thème tout de travers, et il m’a donné deux pensums ; et pendant que je les ferai, mes sœurs s’amuseront ; elles liront les belles histoires que vous avez apportées ; et voilà que je vais m’ennuyer toute la soirée, moi qui croyais si bien m’amuser !

— Ce pauvre Auguste ! dit aussitôt Amélie en l’embrassant ; je conçois bien qu’il soit triste.

— Dis donc, Auguste (et Laure se penchait vers lui), qu’est-ce que M. Mauviel t’a donné pour pensum ?

— Il m’a donné cent vers à apprendre ; il faut que je les lui répète demain matin ! et Auguste se mit à pleurer.

— Et l’autre pensum ? reprit Laure.

— Il faut que je copie deux cents vers ; je ne sais même pas si j’aurai fini ce soir.

— Papa, dit Laure en passant autour du cou de son père une main caressante, si j’aidais mon frère à copier ces deux cents vers, croyez-vous que M. Mauviel serait fâché ?