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auguste.

iv. — Un Sacrifice.


La journée du lendemain parut fort longue aux trois enfants ; ils attendaient le soir avec impatience : M. Dorigny était sorti dès le matin et ne devait rentrer que pour dîner.

Auguste parla beaucoup à son professeur de l’arrivée de Delriau et de la promesse que son père lui avait faite, de l’envoyer chez David apprendre le bel art de la sculpture. Le vieux professeur, qui ne connaissait rien de préférable à la science, n’approuva nullement ce projet, et chercha à persuader à son élève que le grec, le latin et les mathématiques devaient l’occuper encore exclusivement pendant quatre ou cinq ans. Auguste aimait peu les Grecs et les Romains ; il les mettait toujours volontiers de côté pour courir fabriquer ses bons hommes de neige. Que sera-ce donc, pensait-il, lorsqu’au lieu d’être de neige ils seront de plâtre et de marbre. Il fit son thème et sa version tout de travers, tant ses pensées étaient tournées du côté de Delriau et de la sculpture ; il reçut, en échange de ses distractions, deux pensums qui lui firent faire une triste grimace : car ils devaient lui prendre sa soirée, et ils consistaient à apprendre cent vers et à en copier deux cents. Pauvre Auguste ! il payait bien cher son goût subit pour la sculpture !

M. Dorigny arriva, on se mit à table ; Laure et Amélie avaient bien fait leurs devoirs ; elles avaient pris leurs leçons de piano et de dessin ; elles sautèrent au cou de leur