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auguste.

neige qui sont plus grands que moi, et ils sont si bien que tous mes petits camarades disent qu’ils ne savent pas comment je puis faire pour leur donner une forme si naturelle ; et l’autre jour encore j’ai fait, pour Amélie, avec une grosse mie de pain frais, un très-joli vase à fleurs ; si elle ne l’a pas brisé, vous pourrez le voir.

— En vérité ! interrompit M. Dorigny en riant, je confesse que j’avais tort de nier tes dispositions pour la sculpture ! Eh bien ! mon ami, nous verrons si l’exemple de Delriau te gagne ; vous deviendrez l’émule l’un de l’autre, et au lieu d’un artiste, David en formera deux : il est habitué à faire de bons élèves.

— Ah ! voilà, qui est décidé ! s’écria Auguste avec joie ! j’irai chez David, je serai sculpteur.

— Tu n’avais pas encore eu cette idée-là, dit aussitôt Laura, en ajoutant avec malice : et tu voulais être militaire avant que Fifine t’eût raconté la terrible histoire qui avait mis ta bravoure en déroute.

Auguste fit la moue à sa sœur, et répéta : « Dis ce que tu voudras, je serais sculpteur ! »

M. Dorigny se leva ; la soirée était déjà avancée, et il sonna.

Quoi ! papa, déjà se coucher ! dit Auguste ; je n’ai pourtant pas du tout envie de dormir, bien au contraire ! Papa, dites-moi, je vous prie, combien il y a de jours encore jusqu’à la fin du mois ?

— Il y a dix-huit jours, mon ami.

— Ah, mon Dieu ! tant que cela ! Cher papa, vous nous conterez des histoires, n’est-ce pas ? pour nous empêcher de trouver le temps trop long d’ici là, le soir surtout ; les veillées sont si longues !

— Non, mon enfant, je te l’ai déjà dit, je n’en sais plus.

— Et Fifine, papa ?