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auguste.

Auguste n’avait que cinq mois ; il fallut chercher une nourrice : la fille de Jérôme avait un fils du même âge ; ce fut à elle que je te confiai, mon cher enfant. Cette brave femme a eu pour toi le cœur et les soins d’une mère : il ne faudra jamais l’oublier, et je pense que tu seras bien joyeux quand tu sauras que je l’attends vers la fin de ce mois. Elle amène son fils, auquel je me suis chargé de faire apprendre la sculpture ; cet enfant annonce les plus grandes dispositions.

Auguste sauta de joie en apprenant cette nouvelle ; et Laure assura qu’elle se rappelait fort bien Véronique, qui lui donnait tous les matins une jatte de bon lait, et l’emmenait dans le poulailler pour dénicher les œufs. Mais, ajouta-t-elle, je ne me souviens que de cela, et de la chambre à coucher de ma chère maman.

— Tu es bien heureuse, dit Amélie ; moi, je ne me rappelle rien, pas même notre chère maman ! et cependant ma grand’maman me dit souvent que j’ai bien pleuré quand elle est morte.

M. Dorigny se détourna pour essuyer une larme, et comme il voulait changer la conversation, il reprit ainsi :

— Delriau est un charmant enfant : il a dix ans et demi ; il est fort doux et a beaucoup d’intelligence ; vous serez étonnés, mes enfants, des jolis petits animaux qu’il façonne avec son couteau ; je suis sûr qu’il deviendra un habile sculpteur, et j’ai promis de l’envoyer dans l’atelier d’un de ses compatriotes, le célèbre David.

— Ah ! il ira chez M. David ! s’écria Auguste ; et pourquoi n’irai-je pas aussi, moi ?

— Par une raison toute simple, mon ami ; c’est que tu n’as, jusqu’à ce moment, manifesté aucun goût, aucune disposition pour cet art.

— Comment donc, papa ! je fais des bonshommes de