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auguste.

oncle, c’était Ernest, Ernest le tapageur, le désobéissant ! Il est si bon, si doux à présent, mon oncle !

— Il a compris avec l’âge que le seul moyen de se faire aimer, c’était d’aimer, et de ne faire de mal à personne : à quatorze ans, mon cher Auguste, il faisait déjà la gloire et le bonheur de notre famille !

— Ah bien ! voilà qui est fini, papa, je ne demanderai plus de veilleuse la nuit ; je me coucherai tout seul ! — Et Auguste se mit à sauter en battant de joyeux entrechats ; on voyait qu’il avait un grand poids de moins sur le cœur.

— Et Jérôme, dirent les deux jeunes filles, qu’est-il devenu ?

— Jérôme est mort, mes enfants ; et mon frère et moi, nous l’avons bien pleuré, car il nous aimait beaucoup, et rien ne remplace un vieux serviteur dévoué.

— Et qu’est devenu le portrait ?

— Le portrait, mes chers enfants, est resté avec tous les autres, dans la même chambre que j’habitais alors ; mon père le fit restaurer, car Jérôme l’avait abîmé.

— Oh ! que nous voudrions le voir !

— Peut-être vous ferai-je faire ce voyage au printemps prochain, si je suis content de vous : car ce portrait est bien loin.

— Et où donc est-il, cher papa ?

— Dans le château que ton oncle et moi nous avons dans la Vendée, auprès de Clisson.

— Ah, oui ! ce château où vous allez quelquefois passer le temps de la chasse, tandis que vous nous confiez à notre bonne-maman.

— C’est là où tu as été nourri, mon cher Auguste ; mais tu ne peux plus te rappeler, ni de ta nourrice, ni du château ; tu avais deux ans quand je pris le parti de me fixer à Paris. C’est dans ce château que votre mère est morte, mes enfants,