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auguste.

— Et qu’est-ce que c’est que ce livre, mon enfant ? reprit M. Dorigny.

— Oh ! elle m’a bien défendu de le dire : c’est un livre qu’on lui a prêté en cachette.

— Dis toujours, je ne la gronderai pas.

— Eh bien ! c’est un livre qui a une couverture verte et qui est gros comme ma géographie.

— Je ne te demande pas de quelle couleur et de quelle grandeur est ce livre : je te demande comment il s’appelle.

— Ah ! je ne le sais pas ; Fifine ne m’en a point laissé voir le titre.

— Te rappelles-tu des histoires que Joséphine t’a lues dans ce livre ?

— Oh ! pour cela oui !

— Eh bien ! conte-nous-en une.

— Oui, conte-nous-en une ! Et les deux jeunes filles se pressèrent autour de leur frère.

— Voyez-vous les curieuses ! s’écria Auguste, elles se moquent de moi, et elles veulent entendre les histoires !… C’est bon pour un homme, papa, ajouta l’enfant en reprenant son air martial : voilà pourquoi Fifine me les a lues ; mais pour des femmes, cela ne servirait qu’à les effrayer.

— Oh ! nous sommes braves ! est-il drôle, Auguste ; un homme ! un homme de dix ans ! Tu oublies que Laure a treize ans et que moi j’en ai douze ! Allons, conte, puisque papa l’a dit.

— C’est que c’est vrai, voyez-vous ! Fifine dit que cela se voit souvent… « Il y avait une fois un petit garçon, un tout petit garçon ! il n’avait que sept ans ; il s’appelait Henri, et il avait un frère qui s’appelait Ernest ; celui-là avait dix ans. Ils couchaient tous les deux dans la même chambre, une grande chambre qui avait une tapisserie