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les petits

et la guerre étaient leurs seules occupations ; ils habitaient des huttes peintes qu’ils transportaient à volonté, comme l’Arabe du désert transporte la tente sous laquelle il dort. Ces huttes formaient des villages que l’on n’était jamais sûr de retrouver le soir à la même place où on les avait vus le matin. Les Cambolectri avaient un caractère sauvage et farouche ; ils se teignaient les cheveux d’un rouge éclatant, se peignaient le corps d’une foule de dessins bizarres, et rendaient à la pluie un culte plus empreint de crainte que d’amour, car ils la regardaient comme la divinité la plus dangereuse qu’ils eussent à implorer, et dans le fait la pluie était pour eux un fléau presque égal à celui de la peste. Leurs seuls moyens d’existence consistaient dans le poisson et dans le gibier ; la pluie retenait les poissons au fond de l’eau, où ils restaient alors cachés dans le plus grand calme ; la pluie faisait fuir les oiseaux dans les creux des rochers et rendait la chasse impraticable.

Lorsque les Romains commencèrent, dans les premiers temps, à civiliser ce peuple, on vit les huttes disparaître les unes après les autres, et la terre se couvrir de moissons ; une grande route traversa bientôt des campagnes jusqu’alors impraticables, et quelques maisons s’élevèrent çà et là non plus en roseaux et en terre glaise, mais en belles pierres de taille et en charpente de chêne. Les Romains entourèrent d’une ligne de forteresses les forêts du Bas-Poitou, ils y établirent des garnisons ; ces forts sont devenus les petites villes de Mortagne, Gétigné, Légé, Clisson, etc. Une de ces légions, composée presque entièrement de Scythes ou Goths, s’empara de toute la rive gauche de la Sèvre nantaise ; elle y fonda plusieurs villes, dont Tiffauges devint la capitale. Tiffauges, où l’on ne voit à présent que les ruines d’un magnifique château, vous inspirera un grand intérêt, quand vous saurez que ce château appar-