Page:Waldor - Heures de récréation, 1890.pdf/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.

moment d’aller se coucher. Pierre resta plusieurs jours avec ses parents, et lorsqu’il les quitta, le petit François commençait déjà à savoir étendre les filets et à mettre les poissons dans la case du bateau ; tout le monde était content de lui, et il en était si joyeux, qu’excepté le regret de ne pas voir sa mère, il se trouvait fort heureux.



xi. — Pierre et Loubette.


Il y avait près de trois ans que Pierre était chez le curé ; il avait dix-sept ans, et Loubette en avait quatorze.

— Où est Loubette, mon oncle ? s’écria-t-il un jour en accourant tout essoufflé à la hutte : je ne l’ai pas trouvé dans la prairie où elle a toujours coutume de m’attendre avec la petite Jeanne !

— Loubette vient de partir pour Olonne, mon ami : elle y restera pensionnaire un ou deux ans, pour y faire sa première communion, s’instruire dans sa religion, apprendre à bien écrire et à bien calculer ; c’est notre brave curé qui l’a voulu ainsi.

Pierre chancela à ces mots ; l’idée de ne plus voir sa jeune cousine, la compagne de tous ses jeux, l’amie de son enfance, le troubla à tel point qu’il fondit en larmes, et, de retour chez lui, s’enferma dans sa chambre, se coucha et ne put dormir. Le lendemain le curé ne fit pas semblant de s’apercevoir du chagrin de Pierre, qui, faisant effort sur lui-même, se remit au travail avec plus d’ardeur que jamais. Il avait fait de grands progrès dans tout ce qui lui avait été ensei-