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les petits

sentir combien on doit attacher de prix à s’instruire, quel que soit l’état que l’on veuille embrasser.

Il le conduisait souvent chez des bons fermiers dont la chaumière hospitalière était constamment ouverte aux pauvres et aux voyageurs.



viii. — La Famille incendiée.


Pierre et le bon curé entrèrent un jour dans une de ces chaumières, il pouvait être huit heures du matin ; toute la famille et les serviteurs étaient assis autour d’une longue table entourée de bancs. C’était le déjeuner ; il consistait en une énorme soupe aux choux qu’on achevait de verser dans une large terrine verte, en un plat de betteraves et un plat de lard entouré de choux ; deux pots pleins de vin blanc étaient à chaque bout de la table, et outre le pain déjà entamé, un autre pain tout entier était sur la table : c’est un usage fort ancien ; il exprime l’abondance, et veut dire qu’il y a toujours un pain consacré aux pauvres qui peuvent pendant le repas s’avancer jusqu’à la porte. Il y a fort peu de peuple aussi hospitalier que les habitants de la Vendée et de la Bretagne. Il est bien rare qu’un étranger entre chez eux sans qu’ils offrent à boire un coup, à manger un morceau ; et le pauvre qui demande du pain ou du grain n’est jamais refusé. La charité est chez ce peuple une vertu sans ostentation ; elle leur semble toute simple, et ils sont tellement habitués à l’exercer, qu’ils ne comprendraient pas qu’on pût leur en faire un mérite.