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colliberts.

l’intéressait plus que toute autre chose ; c’était un monde nouveau ouvert devant lui : il avait été si longtemps persuadé que l’univers se bornait aux côtés de l’Océan. Il lut surtout attentivement les historiens du Poitou, et parvint à se former une juste idée de l’origine de ses compatriotes, de leurs mœurs, et de leur première patrie.

Il finit par trouver tant de charmes au travail, qu’il le plaça sur la même ligne que la pêche et la chasse, ce qui était beaucoup pour lui. Il ne se passait pas de jours qu’il n’allât le soir chez son oncle ; s’il pleuvait, tressait avec Loubette de jolis paniers en osier ; s’il faisait beau, il courait avec elle dans les prairies voisines, s’arrêtait pour cueillir une fleur, pour attraper un papillon ou chercher des nids d’oiseaux ; et lorsqu’il voyait Loubette, heureuse et folâtre, s’amuser du brin d’herbe qu’elle cueillait, de l’insecte qui rasait son front en bourdonnant, il était heureux et il oubliait Cicéron, Horace et les pensums, qui étaient quelquefois son partage lorsqu’il rentrait trop tard.

— Car, disait le curé, tu passes plus de temps à jouer, qu’il ne convient à ton âge ; tu ne peux rester plus de deux ou trois ans encore chez moi, et il faut que ton éducation soit finie alors.

Pierre sentait que son maître avait raison ; il redoublait d’attention, tâchait de ne plus s’oublier dans la hutte de son oncle, ou dans les prairies environnantes.

Le bon curé disait sa messe à cinq heures du matin tous les jours, et il avait coutume de faire une promenade avec son élève, qu’il aimait tendrement ; ils faisaient quelquefois une lieue en s’avançant dans les terres, et Pierre prenait un grand intérêt à tout ce qu’il voyait ; il est vrai que son digne instituteur lui expliquait chemin faisant une foule d’usages qui excitaient sa curiosité et son étonnement.

Il lui racontait les chroniques du pays, et il lui faisait