Page:Waldor - Heures de récréation, 1890.pdf/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
les petits

tout cela de grosses taches d’encre : il fut longtemps, bien longtemps avant que de parvenir à écrire toutes ses lettres et à les réunir en mots. Il était cependant rempli de bonne volonté et d’intelligence ; mais il est bien plus difficile d’apprendre à lire et à écrire lorsqu’on est arrivé à un âge raisonnable, que lorsqu’on a six ou sept ans, et voilà pourquoi les parents ont toujours soin de commencer de bonne heure l’éducation de leurs enfants. La mémoire est meilleure, plus souple, plus facile, et l’intelligence, n’étant pas distraite par une foule de choses, se concentre sur un seul point. Ce qu’on apprend étant enfant, on l’apprend beaucoup plus vite, et on ne l’oublie jamais.

Six mois s’écoulèrent avant que Pierre sût écrire en demi-gros d’une manière propre et lisible ; mais quelle fut sa joie lorsqu’il put faire une lettre à son père, puis une à sa mère, puis une autre à Loubette ; il aurait voulu écrire des lettres toute la journée. Pierre apprenait la grammaire et le latin encore plus difficilement que le reste, et cette étude ne l’amusait nullement ; il lui fallait un grand courage pour rester des heures entières les yeux fixés sur des livres qui lui paraissaient contenir de l’hébreux, tant il les trouvait incompréhensible.

Le printemps finissait ; Pierre avait déjà visité plusieurs fois sa bonne mère et son père ; celui-ci lui demandait toujours s’il chassait et pêchait encore.

— Hélas ! répondait Pierre, je n’ai que bien peu de temps pour cela, et son père soupirait et lui disait :

— Tu viendras ici aux vacances et nous chasserons et nous pêcherons encore ensemble.

Cependant plus le temps s’écoulait et plus Pierre s’attachait au bon curé et à l’étude ; il avait reçu une grande quantité de livres. La caisse portait ces mots : la Providence veille sur les enfants studieux. Il lisait beaucoup ; l’histoire