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les petits

d’être des jours, des mois sans la voir, lorsqu’on était habitué à jouir de ce bonheur à tout instant, lorsqu’on ne l’avait jamais quittée !

— Ô maman, chère maman ! s’écria Loubette en se jetant au cou de sa mère, je ne le pourrais pas, j’en mourrais de chagrin, et pourtant j’aime bien mon oncle, ma tante et Pierre !

— S’il le fallait, ma fille, reprit la mère, il faudrait en avoir le courage ; il faut toujours savoir sacrifier son bonheur à son devoir, et endurer des privations, des chagrins, si ces privations et ces chagrins doivent amener un bon résultat, ou sont inévitables. C’est tout enfant qu’il faut s’habituer à agir ainsi ; on s’épargne plus tard bien des fautes, bien des malheurs, causés souvent par la crainte de souffrir et par la faiblesse que nous avons par nous-mêmes ; mais grâce au ciel ! ajoute-t-elle en embrassant Loubette, déjà toute rouge d’inquiétude, rien ne t’oblige encore à me quitter. Les hommes sont forcés d’apprendre une foule de choses inutiles aux femmes, surtout à celles qui, comme toi, ne sont destinées qu’à faire de bonnes ménagères.



vii. — Pierre apprend à écrire.


Le lendemain Pierre revêtit ses plus beaux habits et suivit son oncle chez le bon curé, où il allait s’installer pour quelques années. Au moment où ils ouvraient la porte du jardin, le curé reconduisait un homme de grande et noble taille ; cet homme détourna la tête, rabattit avec soin un