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les petits

dans la hutte, et le festin du soir, riche de poissons et de gibier, se passa au milieu de cette gaieté franche et communicative que le travail et le contentement de soi-même savent seuls donner.

Les deux enfants s’examinaient de la tête aux pieds ; timides et muets d’abord, ils s’étaient rapprochés l’un de l’autre, avaient échangé un regard bienveillant, et lorsque vint l’heure de se livrer au sommeil, leurs petites mains s’étaient jointes, ils causaient ! Pierre et Loubette s’embrassèrent et se promirent pour le lendemain une journée de plaisir.

Loubette possédait cette grâce enfantine que la nature donne et que l’art ôte presque toujours ; elle ne s’occupait qu’à aider sa mère dans les soins du ménage, et n’avait jamais songé à la différence qu’il y a, entre la laideur et la beauté. Sa toilette était toujours propre ; elle ne se tachait pas, ne se déchirait pas, comme faisaient la plupart de ses petites voisines, et il régnait dans toute sa personne un air d’ordre et de douce gaieté qui faisait que chacun l’aimait, et que toutes les mères l’offraient pour exemple à leurs filles.

— As-tu vu comme Loubette est gentille ? disait Pierre le lendemain à sa mère, occupée à lui nouer autour de la taille une large ceinture de laine rouge ; son joli costume ressemble par les couleurs, au plumage si varié des beaux oiseaux que j’abats sur la côte !

Sa mère sourit, lui donna une tape sur la joue, et, le regardant avec un orgueilleux amour, elle dit :

— Et toi aussi, mon garçon, tu es gentil et tu as de beaux habits, comme Loubette.

— Allons, allons ! interrompit le père qui fumait dans un coin, ce sont-là de ces choses qu’on ne dit pas à un homme, quelque enfant qu’il soit encore. Qu’est-ce c’est que