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auguste.

dans la Vendée et une partie de la Bretagne. Il imite l’acajou et on le travaille avec un soin tout particulier, même dans les campagnes. On charge les meubles, c’est-à-dire les buffets, et surtout les armoires, d’une quantité de ronds, de losanges, d’arabesques grossiers sculptés en bosse, et qui ne manquent pas toujours de goût. Ces buffets et ces armoires ont de belles ferrures bien luisantes ; les paysans mettent tout leur orgueil dans la propreté de leurs meubles ; ils les frottent à tour de bras, et l’on peut, à défaut de glace, se mirer dans les portes de leurs armoires et de leurs buffets. Il y a peu de pays où l’on travaille le bois aussi bien que dans la Vendée, et beaucoup de ces meubles grossiers offrent des sculptures qui les rendent assez curieux, pour qu’on les plaçât volontiers dans un appartement de ville.

Les enfants de M. Dorigny observèrent avec beaucoup d’intérêt toutes ces choses, dont la complaisante fermière leur donna l’explication.

Ils voulurent faire un repas frugal, un repas de paysan, ils s’assirent gaiement sur les bancs placés près de la table ; on leur servit du lait caillé, et un restant de la galette boulangée la veille ; mais, au grand étonnement des enfants de la fermière, le lait caillé et surtout la galette provoquèrent de telles grimaces, que le pauvre Auguste, moins maître de lui que ses sœurs, s’écria : « Il faut avouer que c’est joliment mauvais ! »

La bonne fermière ne parut pas choquée de cette parole, qui valut à Auguste un regard sévère de son père, et un coup de coude de sa sœur aînée. Elle offrit du lait tout fraîchement tiré, et ce lait dédommagea amplement les enfants du mauvais goût que la galette avait laissé dans leurs petites bouches habituées aux brioches et aux gâteaux de Nanterre.