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auguste.

mon grand-père Jérôme. Cela est si beau de pouvoir s’entourer de sa famille et de montrer à ses enfants ses aïeux !

— J’espère que ce n’est pas un mouvement d’orgueil qui te fait parler ainsi, mon ami ?

— De l’orgueil ! non, monsieur. — Oh ! je ne suis pas envieux de parents ayant de belles robes de soie, de beaux habits de magistrat ou de militaire. Je suis content et fier de mes parents tels qu’ils ont été ; je sais qu’ils ont, toujours fait honneur au pays. Cela me suffit ; je n’ambitionne ni la fortune ni les beaux habits ; je sais bien que je suis le fils d’un paysan, et j’espère bien ne jamais l’oublier ; je ne désire qu’une chose, c’est de devenir assez habile pour faire les portraits de mon père et de ma mère : il est affreux de voir mourir ceux qu’on aime sans avoir rien d’eux, que le souvenir qu’on en garde.

— Tu es un singulier enfant !… et M. Dorigny l’embrassa, ému malgré lui. Je te ferai apprendre la peinture lorsque tu auras travaillé encore quelques années ; et d’ici là je ferai faire le portrait de ta mère et celui de ton père.

— Ah, merci ! s’écria Delriau en s’élançant au cou de son bienfaiteur.

— Je veux apprendre à peindre, » répéta Auguste une partie de la journée, tantôt à lui-même, tantôt à Delriau, tantôt à ses sœurs.

M. Dorigny proposa le lendemain à ses enfants, de venir visiter l’intérieur d’une chaumière vendéenne. — Lorsque vous en aurez vu une, mes petits amis, ce sera à peu près comme si vous les aviez toutes vues, car elles se ressemblent beaucoup, et ne diffèrent que par la grandeur et par le plus ou moins de meubles.

On se mit gaiement en route, et l’on arriva au bout d’une demi-heure, chez une des fermières de M. Dorigny.