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auguste.

superbe galette bien épaisse et bien dorée ; il la posa sur la table, et on déclara à l’unanimité qu’il en ferait lui-même les honneurs le lendemain à déjeuner.

Pendant ce temps, Delriau avait mis ses deux mains dans les poches de sa veste brune, et regardait sa mère, « Oui, mon fils, oui, il faut les tirer de ta poche, ça devrait être déjà fait : allons, dépêche-toi, et prie ton frère de lait de les prendre.

— Qu’est-ce que c’est donc ? s’écria Auguste en courant de sa galette à Delriau ; tu as quelque chose à me donner, montre donc vite.

— Je n’ose pas, et l’enfant pencha sa tête sur sa poitrine en souriant, et en regardant à la dérobée Auguste.

— C’est que c’est son ouvrage, reprit Véronique, voilà pourquoi il fait tant de façons ; il a peur qu’on ne trouve pas ça bien. Tu as tort, mon garçon ; est-ce que tu peux faire mieux, toi qui n’as jamais appris ? et, tirant à elle le bras de son fils, elle prit dans sa main un petit mouton fort adroitement sculpté.

— Oh ! que c’est joli, que c’est bien fait ! »

Ce cri retentit aux oreilles de Delriau et gonfla son cœur de plaisir ; il tira de lui-même son autre main de sa poche, et présenta à Auguste un petit paysan qui jouait du flageolet.

« Oh ! ce n’est pas toi qui as fait cela ! s’écria Auguste ; c’est impossible.

— Si fait ben, c’est moi, dit aussitôt l’enfant retrouvant dans le juste orgueil qu’il avait de son talent toute l’énergie de son caractère. Et j’ai fait encore cela, et cela, et puis ça encore, et il tendit tour à tour à Auguste stupéfait, une vache, un cheval et une paysanne filant sa quenouille.

— Oh ! tu m’apprendras ton secret, Delriau, et je te donnerai tous mes joujoux.

— N’y a pas besoin de joujoux pour ça, reprit Delriau, je