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La lampe au coin luisant de la table...
                                                           Un bonheur
Fait d'ordre et de clarté te monte jusqu'au cœur,
Et tu songes, le front dans tes deux mains unies,
Que la vie est profonde et vaut d'être bénie.

IMPRESSIONS

Des saules et des peupliers
          Bordent la rive.
Entends, contre les vieux piliers
          Du pont, l'eau vive !

Elle chante, comme une voix
          Jase et s'amuse,
Et puis s'écrase sur le bois
          Frais de l'écluse.

Le moulin tourne : il fait si bon,
          Quand tout vous laisse,
S'abandonner, doux vagabond,
          Dans l'herbe épaisse !



Ce lent et cher frémissement,
C'est la pluie douce dans les feuilles.
Elle s'afflige et tu l'accueilles
Dans un muet enchantement.

Le vent s'embrouille avec la pluie,
Tu t'exaltes, moi je voudrais
Mourir dans ce murmure frais
D'eau molle que le vent essuie !

C'est la pluie qui sanglote, c'est
Le vent qui pleure, je t'assure.
Je meurs d'une exquise blessure
Et tu ne sais pas ce que c'est.



À Paule Lyssine.

Le gazon râpé de la berge,
Des peupliers, un ciel que l'eau