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Tous ensemble, ô mes pleurs de jadis et d’hier,
Pleurs de l’enfant que vite une main tendre essuie,
Pleurs de l’homme, eau cuisante et pareille à la mer!
Que serais-je sans toi, chère vieille souffrance?
Lorsque mon cœur s’égare, est-ce dans l’espérance
Qu’il se retrouverait si tu disparaissais?
Hors toi, qu’ai-je de sûr et qu’est-ce que je sais ?
(Au loin, peut-être : Solitude au loin.)

LE BEAU NAVIRE

Le beau navire lourd de songe,
La tête en bas, s’effondre et plonge
Dans la gueule d’un mastodonte;
Mais, déjà, des monstres bossus
Venant à sa rencontre, il monte
Dessus.
D’un bout à l’autre de sa quille
Glisse une gigantesque anguille ;
Des reptiles tachés de blanc
Font siffler autour de son flanc
Leurs queues,
Et le couvrent de baves bleues.
Quels grouillements ! Toute l’horreur
De la mer écume et se rue.
Mais lui, pareil au laboureur
Guidant le soc de sa charrue,
Tranquillement pousse à travers
Les gros paquets de serpents verts.
Absorbé dans un rêve, il creuse
Son sillon dans la plaine affreuse.

(Au loin, peut-être...)