Page:Walch - Poètes d’hier et d’aujourd’hui, 1916.djvu/421

Cette page n’a pas encore été corrigée
407
MICHEL VASSON
NE PARLEZ PAS D’AMOUR
ET DE FRATERNITÉ

Ne parlez pas d’amour et de fraternité :
N’ajoutez pas à tant d’opprobres le mensonge.
La bonté n’est qu’un leurre, et l’amour n’est qu’un songe.
Hommes, votre douceur n’est qu’une lâcheté !

La justice, le droit, la paix, la liberté :
Vaines illusions que la crainte prolonge…
Aussi loin que mon œil infatigable plonge,
Je ne vois que le mal et que l’iniquité.

Puisque le sang d’un Dieu n’a pu sauver le mon le,
Rien ne saurait guérir ta misère profonde,
Cœur de l’homme, plus froid et plus dur que l’airain.

O vieux cœur qu’un mirage impossible fascine,
Tu ne chasseras pas ta lointaine origine.
Le sang qui te remplit est celui de Gain.

(Le Cri du Néant.)

LE DERNIER HOMME
I

Quand la mort fermera son invincible étreinte
Sur ta poitrine où bat le dernier rêve humain,
Voudras-tu l’écarter d’un geste de ta main ?
Jetteras-tu vers le ciel noir ta lâche plainte ?

Non, tu te livreras à sa caresse sainte,
Sachant que tout, hormis son grand repos, est Vain ;
Ta chair s’enfoncera dans le sommeil sans fin,
Et n’ayant plus d’espoir tu n’auras pas de crainte.

Sentant sombrer le monde en sa lente agonie,
Ton âme goûtera la douceur infinie
De voir mourir avec elle son souvenir,
néant qui fus tout, lumière de la fange,