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260 ANTHOLOGIE DES POETES FRANÇAIS Et, comme le Maître, il veut aimer le Bien, la Justice : comme lui, il adore la France, quil veut grande et forte. Sa suprême ambition serait de se sentir approuvé de celui qu’il aime et qu’il vénère comme un père : Mais toi. ton œuvre est là qui me parle tout bas. Dans mon orgueil d’enfant, ce que parfois j’espère, C’est de t’entendre. un soir de vertige, ô vieux Père, Si les hommes obscurs se détournent de moi, T’écouter murmurer : « Je suis content de toi... » L’admirable poème : Le Fils est plein d’une belle ferveur chrétienne. Les Chants Séculaires, publiés en 1903, avec une étude de M. Louis Bertrand sur la renaissance classique, sont des hym- nes à la Vie encore, à la Nature, à la Patrie, des hymnes diony- siaques et apolliniens alternant avec des chants chrétiens. L’es- prit du poète, nourri de fortes lectures classiques et de la moelle des Évangiles, de sève païenne et du nectar de la Foi, se plaît à évoquer tour à tour les riantes images de Vénus et d’Hélène, et la blanche vision de la Vierge prosternée au pied de la Croix. Le besoin d’aimer transporte le poète. Son cœur a trouvé « les divines raisons qui font trembler d’amour les cho- ses et les êtres ». Il croit en l’Amour éternel. Il croit en l’éter- nelle Beauté. Voici comment, dans sa remarquable préface, M. Louis Ber- trand définit la personnalité littéraire de M. Joachim Gasqtiet telle qu’elle se manifeste dans les Chants Séculaires, et le néo- classicisme qui, dès 1897, commençait à grouper autour des revues méditerranéennes Les Mois Dorés et Le Pays de France, une pléiade de jeunes poètes épris d’une « vie nouvelle ». « Joachim Gasquet a trente ans. Il vit habituellement à la cam- pagne, en Provence, au milieu de ses livres, parmi les hommes de sa terre et de son sang. Il a constamment sous les yeux la race dont il sort et dont le génie et la tradition l’enveloppent : ce qui ne l’empêche pas de franchir chaque fois qu’il le faut les limites de sa « petite patrie », de suivre avec une attention réfléchie la marche des événements dans le monde, et enfin de n’ignorer rien de tout ce qu’un esprit initié de bonne heure aux méthodes intellectuelles peut acquérir d’expérience et de savoir pur les voyages, la culture et l’étude. Le livre qu’il publie au- jourd’hui est le reflet poétique de la vie sage et voluptueuse qu’il mène, — existence paisible, soutenue par une nature ro- buste et saine, embellie par les rêves d’une âme lyrique, que pénètrent la suavité du ciel provençal et la splendeur de la lumière, qu’exalte et que contient la sévère beauté des grands- paysages classiques de la Méditerranée. On y verra l’image