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Vois, dans la nuit ambiguë, au moment
Où du sommeil prochain montent les lourdes houles,
Vois donc en toi, vois virer éperdument
Le Moulin-de-Folie aux quatre couteaux rouges.

(Notes et Poèmes.)


HYDE-PARK


Steppeurs bais, huit ressorts aux souplesses de barque,
Laquais poudrés dont la gravité officie,
Dans les éclairs des roues et des nickels, voici
Phryné aux cheveux d’or, sa toilette et ses bagues.

Mais elle distribue à peine un regard vague
— Car un joli chagrin rehausse ses sourcils —
Et laisse, méprisant cette démocratie,
Aux miroirs des panneaux défiler Hyde-Park :

Inattentif aux noms d’amour qui le querellent,
Le successeur chéri d’un dernier prince russe,
Trônant sur ses coussins de soie et de dentelle,

Insoucieux d’honneurs et déjà lassé d’elle,
Le ouistiti Darling tranquillement s’épuce
À l’ombre mauve et transparente de l’ombrelle.

(Notes et Poèmes.)


AGRIGENTE


Au long des murs croulés les temples éclatants,
Frontons fauves, sur l’outremer aigu, se gravent
Et, dans le tuf vermiculé des architraves,
Rutilent, feu caillé, les saccages d’antan.

Glauque, la plaine dort. Sur l’Acropole blanc,
La ville se recueille en sieste anonchalie,
Et la suavité d’un trille brasillant
Crépite sur la mer de Libye éblouie.

Hiver d’azur, soleil tout grand sur Agrigente,
Tiède mansuétude, et la brise indulgente :
Seul, parfois, en sursaut de la langueur déserte,