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186 ANTHOLOGIE DES POETES FRANÇAIS- Reconnais-la, pesante et blême... Dégoûts, tristesses, désespoirs, Epaves sur l’Océan noir, Reconnais-les, — toujours les mêmes ! Cœur épris de tous les ailleurs Dont tu n’as jamais su la route, Poursuis, dans l’angoisse et le doute, Tes jours, ni pires, ni meilleurs; Poursuis, avec les mêmes haltes Aux mêmes carrefours honteux, Avec les mêmes songes creux Où ton impuissance s’exalte, Avec ton amour refusé Par toutes les mêmes passantes, Avec tes lèvres frémissantes Des mêmes stériles baisers, Mirant ta faiblesse et ton vice Au miroir de ta vanité, Sans trouver, dans ta lâcheté, Le héros fort qui t’asservisse, Par les cités et les chemins, Va, marche, prisonnier sans trêve De l’An qui jamais ne s’achève, Vers l’inaccessible Demain! (L’Aube Juvénile-, LE PLONGEUR A Henry Gauthier— Vilîars. Essayais-tu la volupté neuve d’un crime ? Ou si ce fut jeu nonchalant? Ou pour savoir La mesure de mon amour, et ton pouvoir ? Ton caprice a jeté ta bague dans l’abîme. Les feux de l’or gemmé se brisent et s’animent, Et s’éteignent noyés au gouffre vert et noir. Oh! plonger, mains chercheuses, aux glauques couloirs- Des roches, et, la bague au doigt, surgir sublime!