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tiples et changeants. La magie de son verbe ressuscite les royaumes d’Ys et de Thulé, l’antique château d’Elseneur, le palais d’Aladin et de Badroulbadour. Des gnomes, des nains, des filles-fleurs, de gracieux varlets, des princesses de Chine, des reines de Trébizonde, surgissent, furtives apparitions, et s’évanouissent comme des fantômes aux approches du jour. Peter Schlemihl cède la place à Schemseddin et au prince Camaralzaman. Le merveilleux oriental, le mystérieux éclat des topazes et des chrysoprases, les parfums lourds et voluptueux des cassolettes, tout le somptueux et chatoyant décor des Contes arabes succède comme par enchantement au symbolisme brumeux, au surnaturel mélancolique et sombre, aux demi-teintes, aux fantaisies angoissantes des poètes septentrionaux.

Le vers de M. Tristan Klingsor est très musical. Sa forme est remarquable. « M. Tristan Klingsor, a écrit M. Henri de Régnier, se montre un poète délicat et subtil, et, parmi les poètes nouveaux, l’un de ceux qui manient avec le plus de dextérité, d’invention et de bonheur le redoutable vers libre. Il le fait souple, élégant ; M. Klingsor possède un métier très personnel qui n’est ni la soierie irisée de M. Viélé-Griffin, ni la bure puissante de M. Verhaeren, ni les mousselines à pois de Jules Laforgue, et qui a ses procédés et son secret… »

Ancien élève de l’École du Louvre, M. Tristan Klingsor s’est senti particulièrement attiré par les questions d’art. Rédacteur des questions d’art ancien au Mercure de France, il a, en outre, publié différents articles à la Gazette des Beaux-Arts, à la Revue Bleue, à la Revue Illustrée, au Monde Moderne, à l’Art décoratif, à la Revue des Revues, etc. Comme peintre, il a exposé au Salon d’Automne et aux Indépendants, à Paris.