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Loin du clocher natal et des ombrages calmes,
J’allais, comme un enfant qu’émerveillait l’espoir
De sentir sur son front la caresse des palmes ;
Ta foi saignait, vivifiante, dans le Soir !

Tes yeux riaient qui depuis toujours me désignent
Par les torrents d’iris une caverne où dort
La vierge que tu vêts d’une gloire de cygne.
A ton front scintillait un diadème d’or.

J’ai suivi le sentier grave, celui qui mène
Au mont clair des lauriers que ta voix m’a promis,
Et devant les flamboîments de ma Lyre humaine
S’inclinaient les fronts fiers des chênes insoumis.

Mes yeux, emplis de ciel, chantaient dans la lumière,
Mais les gaves jaloux revêtaient leur beauté,
Les roses comme pour me faire une prière.
Rougissantes, haussaient leurs trembleuses clartés.

Les abîmes ployaient vers moi leur grâce sombre
— Vaste éploiement de pins grondants et de genêts !
Plus haut, sur mes haillons splendides chassant l’ombre,
Des aiglons arrêtaient de grands yeux étonnés.

Puis, celle dont frémit au vent la verte mante,
Et dont l’âme est pour nous un enchantement sûr.
M’a dit, avec un joyeux chuchotis d’amante :
— Prends pour ta lyre d’or un peu de mon azur !

Jaillissantes des rocs — à me sentir près d’elles —
Les sources scintillaient avec de doux frissons.
Sur les hêtres l’aveu tremblait des tourterelles :
Il nous enchante de sa voix quand nous passons !

Les feuillages mouvants m’ouvraient de blanches sentes,
Les nids jasaient au vent de mes poèmes clairs.
Mais par les buis menus des roches bleuissantes
Des pâtres me suivaient éclaboussés d’éclairs.

Je marchais aux rayons de tes appels de flamme.
Parfois pour apaiser la plainte des ravins
Mon âme, en qui tu mis un reflet de ton âme.
Laissait mourir sur eux ses murmures divins.