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L’Éternelle dont la voix d’aube fait l’aumône
D’hymnes d’or aux Enfants divins qu’elle baisa,
S’avance, au chant des fleurs, le front ceint des couronnes
Que leur amour de siècle en siècle lui tressa.
Sa beauté voile au ciel la grotte d’Hippocrène,
Et sous ses pieds mouillés le gazon resplendit,
— Un vol bleu de ramiers se jouait sur un frêne —
Puis m’indiquant les bords sacrés. Elle m’a dit :
— „Ma voix antique est douce ainsi que la prière
Dont on grisa tes beaux réveils d’enfant bercé,
Et mes yeux de légende incantent ta Chaumière.
Le long de ton verger, blanc de fleurs, j’ai passé.
Je suis celle qui porte un printemps de féerie
Dans ses habits aubes d’éternelles douceurs :
Ton luth saura ma joie, et, pour que tu souries,
Mes lèvres frémiront vers toi, comme des sœurs.
Entends hennir au loin mes palefrois d’aurore.
Les fleurs, dans la forêt chuchotante de nids.
Brûlent aux lueurs d’or que mes pas font éclore,
Sous mes pas ont tonné les réveils infinis.
Vers moi, seule, dans une aurore de mésanges,
Tes yeux, comme des lys qui s’ouvrent incertains.
S’éveillent, éblouis, de leur doux sommeil d’anges.
Et mes sourires clairs saluent tes blancs matins.
Ma beauté te conduit, par des sentiers de rêve.
Dans le soir infini des palmes et des fleurs ;
Ton cœur, comme un soleil resplendissant se lève
Et tu n’as pas connu les antiques douleurs !