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Rêve d’Aveugle

À la mémoire de mon ami si regretté Maxime du Camp.


Quand le sommeil béni me ramène le rêve,
Ce que mes yeux ont vu jadis, je le revois ;
Lorsque la nuit se fait, c’est mon jour qui se lève,
Et c’est mon tour de vivre alors comme autrefois.

Au lointain du passé le présent qui se mêle
Laisse dans ma pensée une confusion ; —
C’est une double vie étrangement réelle,
C’est une régulière et chère vision.

Êtres mal définis, choses que je devine,
Tout cesse d’être vague et vient se dévoiler,
C’est la lumière, c’est la nature divine,
Ce sont des traits chéris que je peux contempler.

Et quand je me réveille encor toute ravie,
Et que je me retrouve en mon obscurité,
Je doute, et je confonds le rêve avec la vie :
Mon cauchemar commence à la réalité.

(Dans ma Nuit.)
:-:


Qu’importe !

à mon mari.


Je ne te vois plus, soleil qui flamboies,
Pourtant des jours gris je sens la pâleur ;
J’en ai la tristesse ; il me faut tes joies.
Je ne te vois plus, soleil qui flamboies,
Mais j’ai ta chaleur.