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Tout cela saute, tourne, danse
Avec des éclats triomphants ;
Sur les épaules des enfants
Les cheveux battent la cadence.

Or, cette couronne d’amours
Ayant charmé mes yeux moroses,
J’ai voulu voir les bébés roses
S’enivrer dans leurs mille tours.

Et dans ce gai papillotage
De cols blancs et de mollets nus,
Mes ans, qui se sont souvenus,
Accompagnent leur caquetage.

Quand, soudain !... comme ils bondissaient.
J’ai vu leurs lèvres si carminés
Bleuir... et gamins et gamines
Qui pâlissaient et grandissaient !...

Quel rêve absurde m’hallucine !
La ronde tourne cependant ?
Et j’entends son gosier ardent
Chanter : Dansons la capucine !

Dansons ! Impitoyablement,
Le cauchemar change visages,
Robes, chapeaux, mignons corsages,
Doucement, insensiblement.

Doucement, doucement, que dis-je ?
Non ! c’est vertigineusement
Que leur âge et leur vêtement
Subit l’étreinte du prodige.

Sur les belles, des tabliers
Effacent les jupes de soie.
Une main, sans que je la voie,
Met aux garçons de gros souliers.

Sur le dos ils portent un livre
Énorme, triste, lourd, puis deux.
Puis trois... Ils cherchent autour d’eux
Quelque chose qui les délivre.