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Entraient dans son rêve tranquille
Et formaient la face de Dieu.

Et quand, après des pleurs de rage,
Les amants entraient au couvent,
Les étangs et les beaux ombrages
Les consolaient des yeux vivants.

Car dans ce temps, haute et paisible,
La Nature, ses bois, ses eaux,
N’avaient pas cette âme sensible
Qui plus tard fit pleurer Rousseau…

(L’Ombre des Jours.)

J’ÉCRIS POUR QUE LE JOUR
OU JE NE SERAI PLUS…

J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu,
Et que mon livre porte u la foule future
Comme j’aimais la vie et l’heureuse nature.

Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J’ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l’eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu’en mon âme,

J’ai dit ce que j’ai vu et ce que j’ai senti,
D’un cœur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j’ai eu cette ardeur, par l’amour intimée,
Pour être après la mort parfois encore aimée,

Et qu’un jeune homme alors lisant ce que j’écris,
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M’accueille dans son âme et me préfère à elles…

(L’Ombre des Jours.)

LES REGRETS

Allez, je veux rester seule avec les tombeaux ;
— Les morts sont sous la terre et le matin est beau,
L’air a l’odeur de l’eau, de l’herbe, du feuillage,