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SUR L’ARC VERT DE LA PLAGE APAISÉE

Sur l’arc vert de la plage apaisée
Où le matin mélodieux descend,
Ta maison pâle entre les palmes balancées
Est un sourire las sous un voile flottant.

Ces longs stores sont des paupières affligées ;
Des fleurs se meurent dans la nuit des banyans,
Des fleurs du violet velouté si souffrant
De tes doux yeux couleur de pensée.

Ces lourds parfums égarants, confondus,
Des bosquets fragrants comme des temples d’Asie…
… Brouillards embaumés sur l’horizon défendu ?

Est-il vrai qu’il soit cruellement revenu,
Cédant à quelque nostalgique fantaisie,
Trop tard, le trop aimé que tu n’attendais plus ?

(Hiers bleus.)

D’APRÈS LONGUS

Las des chuchotements voluptueux des fleurs,
Nounoune et Louisy, boucles mêlées, mains unies,
Lui de bronze pâle, elle d’or bruni,
Sur la colline comme baignée de bonheur
Ecoutent le chant bleu des vagues amoureuses.
Ils ont appris, en ce jour à demi prévu,
Ce que peut faire un mot de la simple tendresse :
Comment le frôlement ami devient caresse,
Combien plus douce, — le secret connu, —
La joue aimée contre la joue
Et fervide la bouche aux roses-thé du cou…
Sous les palmes lourdes et la dentelle
Des clairs filaos, — les petits, leurs yeux noyés,
S’étonnent, avec une ironique pitié,
D’entendre, au fond des bois, pleurer les tourterelles

(Hiers bleus.)