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Ainsi je t’accroîtrai de toute éternité.
Ma pensée a nourri ton esprit qui la mange.
Ravageant ta beauté, je t’ai rendu la vie,
Car tu m’as dévoré comme un pain de froment.
Ton âme est satisfaite et ta faim assouvie !

O jeune homme, entends-la, ma parole nouvelle !
C’est elle qui t’anime ! Elle imprime à ton sang
La palpitation de la vie éternelle !

[Les Chants de la Vie Ardente.)

LE SERMENT

Si l’amour doit mourir, s’il se peut qu’il expire
Comme un épi trop mûr et de grains trop pesant ;
Si l’un et l’autre un jour nous fuyons son empire
En détournant do nous nos yeux agonisants ;
S’il doit nous arriver de ne plus nous connaître
Et de marcher plus tard à jamais écartés ;
Si l’amour se consume en épuisant notre être,
S’il ne peut se nourrir que de nos voluptés ;
S’il cesse de l’orner de l’attrait le plus rare
Quand le printemps palpite au fond de la forêt ;
Si même il te dépouille et puis s’il te dépare,
S’il dérobe à ton flanc ton vêtement doré ;
S’il faut que ta beauté me devienne étrangère,
Que j’en perde le goût de mon âme arraché ;
Si je dois y puiser quelque rancune amère,
Et s’il me faut te fuir au lieu de te chercher :
Alors, je te le dis, j’en atteste la terre,
Mieux vaut périr soudain sans aller plus avant !
Oui, je veux disparaître et partir solitaire,
Et ne plus te revoir, triste amour décevant !
— Que s’éteigne en mon cœur l’amour qui me dévore,
Ou que Vénus horrible allume un noir flambeau !
Que je ne puisse plus jamais revoir l’aurore !
Que mon corps tout entier se disperse en lambeaux !
[Les Chants de la Vie Ardente.)