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Les vieux l’ont toujours Vu aussi vieux, et les vieilles
Ont souvenance aussi qu’au temps le plus lointain
Il fleurissait, il embaumait, de ses merveilles,
La vie de la maison, le sort et le destin.

Fleurissant les serments, embaumant les regrets,
Le rosier a chanté toutes les accordailles ;
Et nul vieux n’est parti sans être accompagné,
Ou béni, d’un adieu de sa branche amicale.

Et chaque été, quand chaque rose aux colombages
Pique sa note d’or et chante un vers discret,
Tout le poème exulte et met, dans le feuillage,
Les serments à venir et les anciens regrets.

Les gars ont suspendu aux rameaux tutélaires,
Avec le bouton frais, leur cœur aventureux ;
Les promises élues le cueillent, pour complaire
A l’éternelle vie et au sort amoureux.

Car, dans chaque bouton du rosier centenaire
Qui, pour les jeunes cœurs, s’épanouit et sourit,
Sa racine enfoncée jusqu’au cœur de la terre,
C’est le cœur d’un aïeul qui, chaque an, refleurit.

[La Ferme au Gué.)