Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PERCINET

Vous avez donc joué malgré vos manigances,
Vos hésitations sans nombre et vos refus !
Et vous fûtes parfait, cher Monsieur, — et tu fus,
O Charle, étourdissant de frivoles fringances.

Vous avez tout traduit : tendresses, arrogances,
Héroïque départ, retour las et confus !
Oh ! ce mauve manteau, si souplement diffus,
Sur ce gris justaucorps bordé de vertes ganses !

Brin de myrte au chapeau, coquilles au collet,
Quand vous vîntes, botté de blanc, princier de galbe,
Ce fut un cri devant ce costume tout albe !

Et l’on disait, — tant vous aviez l’air qu’il fallait :
« Le Bargy, amateur d’estampes anciennes,
Ayant étudié leurs grâces, les fit siennes ! »

STRAFOREL

Fendu jusqu’au menton, moustachu jusqu’aux yeux,
Botté jusqu’au nombril, ganté jusqu’aux épaules,
Chapeauté jusqu’au nez, emplumé jusqu’aux cieux,
Armé jusques aux dents, fameux jusques aux pôles.

C’est Féraudy, — qui n’a pas besoin de longs rôles !
On entend s’étrangler de rire des messieurs :
Tous les vers semblent beaux, tous les mots semblent drôles.
Et le char de la pièce a de l’huile aux essieux.

Il s’avance ; à son col une topaze — un phare ! —
S’allume ! — et son pourpoint lance un reflet cuprin !
Sa fraise écume sur l’acier du gorgerin !

Il trompette, il clangore, et Sylvette s’effare !
Et cor de cuivre, buccin d’or, clairon d’airain,
De la charge suprême il sonne la fanfare !