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Tel an arbre enlacé par la flexible souche
Des glycines peut voir
Sous la liane molle et que de l’aile touche
Le bruyant bourdon noir,
Disparaître son bois capté de branche en branche,
Ainsi mon être est pris,
Mère, à ton souvenir. Les dons que tu épanches,
Ah ! j’en connais le prix !
Je ne puis, comme un marbre envahi par le lierre,
Dénouer les liens
Qui m’attachent, Pays, à ta fortune fière,
A ton sol, à tes biens.
Et je sens que mon cœur, jusques à la mort même,
Brûlera pour ton art,
Et que j’emporterai ta vision suprême
Dans mon dernier regard.

(Les Heures de la Muse.)

LA SYRINX

Et genetrix modulorum muaica.

Le son de la Syrinx est doux au soir tranquille.
Faune ! pour t’écouter la Nymphe des roseaux
A quitté sa retraite, et l’on voit sur les eaux
Comme un cygne glisser sa forme juvénile.

Le son timide et doux, tel un rideau léger,
Recouvre l’horizon, remplit les vallons roses.
Le portique du Temple est enlacé de roses.
Sur les coteaux voici le zéphyr voltiger.

Si limpide est le flot que les degrés de marbre
Dont la fraîche blancheur baigne au miroir d’azur,
Prolongent lentement, jusqu’au fond du lac pur,
Leur clair chemin malgré l’ombre épaisse des arbres.

Et tout : la forêt grave, et les champs, et les prés,
Les monts harmonieux que dentelle la neige,
Et le mobile essaim des colombes, cortège
D’Aphrodite aux bras blancs, d’Eros aux yeux dorés,